5 vieux jeux indémodables


Dernière modification 15 septembre 2025 par Krushpin

Voici une liste de 5 jeux qui ont très bien traversé l’épreuve du temps malgré leur vieillesse (10 ans et +). Évidemment, ca ne reflète que mes propres goûts mais je crois que dans l’ère d’abondance ludique dans laquelle nous nageons depuis quelques années, il fait bon ressortir des classiques modernes.

Mon objectif n’est pas d’expliquer les mécaniques de ces jeux ou d’en faire les critiques. Je veux simplement élaborer sur la ou les raisons pourquoi ils ont encore leur place dans ma ludothèque après plus de 10 ans.

https://boardgamegeek.com/image/5493237/troyes

Troyes est à mes yeux l’un des meilleurs exemples d’intégration harmonieuse de différentes mécaniques dans un seul jeu. C’est un hymne aux combos avec ses multiples cartes et l’un des premiers dice drafting au sens large. En bonus, un petit côté semi-coop, du area control et des objectifs personnels cachés. Tous ces éléments se combinent dans un feu d’artifice de combos surprenants et renouvelés à chaque partie. Conséquence de la variété des cartes disponibles sur le plateau, chaque partie est très différente et amène ses propre défis (argent serré, manque d’influence, événements récurrents qui nous retardent, etc.).

L’extension est une nécessité de par les nouvelles cartes qu’elle amène ainsi que les options additionnelles qu’elle offre pour l’utilisation de nos dés. En plus, elle propose un module pour réduire le vol de nos meilleurs dés par nos adversaires, pour ceux que ca refroidissait dans le jeu de base.

Cela dit, je n’ai pas particulièrement apprécié ses spin offs: Troyes Dice ou Tournay. L’original reste le meilleur. Je ne suis pas non plus fan du artwork mais je peux passer par-dessus.

Pour un jeu qui se vendait 30$ en 2010, c’est toute une acquisition!

https://boardgamegeek.com/image/1877541/nations

Nations est le premier jeu pour lequel j’ai dépassé la barrière psychologique du 100$ lors de l’achat (taxes incluses). De nos jours, c’est rendu monnaie courante mais, à l’époque, c’était un réel risque financier! J’exagère un peu mais c’est pour souligner combien les temps ont changé en 12 ans. Toujours est-il que ce jeu demeure une valeur sûre dans mon cercle d’amis.

Je sais qu’il y a plusieurs irréductibles de Through the Ages qui voient Nations comme un imposteur voire un usurpateur d’identité. Je peux comprendre leur point de vue car il est vrai que ces deux jeux comportent plusieurs similitudes. Cependant, je considère Nations supérieur pour la variété de cartes, les nations asymétriques et l’ensemble du jeu qui est peaufiné par rapport à son grand frère.

À cela s’ajoute l’extension Dynasties qui est un incontournable pour les cartes et nations additionnelles qu’elle apporte, en plus des dynasties qui donnent de la flexibilité à un jeu qui peut être terriblement serré et cruel lorsqu’on part mal. C’est probablement l’euro le plus impardonnable que je possède et c’est en partie ce qui fait son charme et lui donne sa longévité chez nous.

https://boardgamegeek.com/image/1556986/bruges

Stefan Feld a été mon premier designer préféré. Il enchaînait des coups de circuits à la cadence d’un Aaron Judge (ou de Chris Davis, jadis). Avec l’Année du dragon, Notre-Dame, Macao, Luna, Châteaux de Bourgogne et Trajan avant lui, Bruges avait de grandes chaussures ludiques à remplir pour surpasser ses aînés. Eh bien ce fut un grand chelem!

L’aspect multi-usage des cartes est tellement bien fait et prenant! On veut jouer toutes nos cartes et les optimiser au maximum. Non seulement on doit monter notre machine mais l’aspect de course entre les joueurs pour remporter diverses majorité ne nous donne aucun répit. C’est un jeu qui se joue super fluidement pour des habitués et qui se renouvelle très bien avec la grande quantité de cartes disponible. Comme pour les deux jeux présentés ci-haut, les extensions sont des ajouts automatiques. Elles apportent de la variété via des nouvelles cartes mais elles uniformisent également le potentiel des stratégies principales.

Cela dit, c’est un jeu torturant au possible, tour après tour. Doté d’un sadisme hors-pair, Bruges me met dans tous mes états à chaque partie! Il me manque toujours soit un dollar, soit une couleur de carte, soit une maison, soit un travailleur pour réaliser un super coup, un feu d’artifice qui m’assurerait la victoire. Je laisse sortir un juron ou deux, c’est immanquable! Pourtant, j’en redemande. C’est le syndrome de Stockholm qui récidive à chaque fois que ce jeu sort.

https://boardgamegeek.com/image/2543150/roll-for-the-galaxy

À l’instar de Nations vs Through the Ages, certains me traiterons d’hérétique de préférer Roll for the Galaxy à son grand frère Race for the Galaxy. J’ai pourtant eu ma passe Race longtemps, mais j’y ai tellement joué que lorsque Roll est sorti 7 ans plus tard, ca a redonné un petit boost ludique à cet univers de Lehmann.

J’ai la réputation – bien fondée – d’être un piètre lanceur de dés. Cependant, la mitigation des dés, savamment intégrée dans Roll, fait en sorte que l’on peut être créatif et rarement se retrouver coincé par un mauvais lancer. La grande variété de tuiles et de pouvoirs donne lieu à de belles machines qui prennent tranquillement forme dans nos tableaux respectifs.

Point important: il conserve l’aspect de course de son frangin ainsi que la mécanique principale: la sélection d’action. C’est l’ADN même des multiples spin offs issus de ce monde sci-fi duquel on a trait plusieurs jeux (pas tous bons, à mon avis). Lorsqu’on combine ca avec les objectifs à atteindre qu’apportent les extensions et la découverte excitante du résultat de nos lancers, on obtient un jeu riche avec de multiples voies vers la victoire.

Je m’en voudrais de passer sous silence le son que produit le brassage de nos dés dans le verre avant de les jeter sur la table. Ca me donne des frissons de bonheur au même titre que la chanson-thème de la soirée du hockey.

https://boardgamegeek.com/image/2717407/isle-of-skye-from-chieftain-to-king

Plus haut, je parlais de Stefan Feld comme étant mon premier auteur de jeu préféré. Après quelques titres qui ont eu moins de succès auprès de notre groupe (j’exclue Civolution: on s’en reparle dans une autre chronique), c’est l’intrusion d’Alexander Pfister dans le monde ludique qui a agi comme mon carburant principal pour les années 2015-2020.

Derrière son look humble, Isle of Skye renferme une mécanique d’enchère inversée très calculatoire où l’on doit estimer et maximiser la valeur des tuiles qu’on pige. Il faut à la fois les rendre attrayantes aux adversaires qui les achèteront peut-être (si le prix leur semble juste) mais aussi rendre trop onéreuses celles qu’on veut garder. Le hic, c’est qu’on fixe le prix des tuiles avec notre argent et qu’on doit évidemment en conserver pour faire nos propres achats chez les adversaires. C’est un exercice d’une incroyable élégance (et torture mentale) qui donne au jeu une fluidité surprenante malgré la difficulté d’évaluer la valeur de nos tuiles et celles des autres joueurs.

Une fois l’étape critique des ventes et achats de tuiles, on les pose stratégiquement dans notre royaume en fonction des objectifs pigés au hasard lors du setup, et qui donnent des twists uniques et scorings différents à chaque partie.

Pour conclure, la première extension m’a laissé froid car elle dénaturait et alourdissait un jeu très fluide et élégant. Par contre, la deuxième extension permet un peu de flexibilité avec notre budget trop souvent limité pour nous sortir du pétrin. C’est un ajout incontournable pour notre groupe.

Avec l’afflux des nouveaux jeux qui se dénombrent par milliers chaque année, particulièrement depuis la fin de la pandémie et l’essor du sociofinancement, on se noie dans l’abondance. La longévité des jeux n’est plus ce qu’elle était, victime d’un renouvellement et d’un roulement constant dans nos collections. Alors le fait de ressortir nos « vieilleries » de temps en temps est comme une séance de thérapie pour s’évader temporairement du tourbillon actuel dans le monde du jeu. Il faut chérir nos classiques, ces piliers qui ont construit notre ludothèque au fil des ans. Certains sont défraîchis, il est vrai, mais d’autres perdurent dans le temps, signe de leur solidité et de la robustesse de leurs mécaniques. Il n’y a pas de honte à s’esquiver du culte de la nouveauté de temps à autre…

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