Dernière modification 7 Décembre 2025 par Krushpin
Quand j’ai commencé ma carrière de gamer il y a environ 20 ans, les extensions étaient choses rares et un réel bonus! Quand une extension était annoncée, j’avais vraiment hâte de voir ce que le designer avait pu imaginer comme contenu additionnel. Maintenant, la plupart du temps, je soupire et je deviens cynique. « L’industrie » de l’extension est rendue vicieuse et profite sauvagement de notre dépendance au jeu. Et mes sympathies à ceux qui sont « complétionnistes » de nature. Je sais que, comme pour n’importe quelle compagnie capitaliste, l’objectif est de faire de l’argent sur le dos des consommateurs, mais ca frise de plus en plus le ridicule.

Ce n’est pas tant l’aspect marketing opportuniste qui m’achale, mais le côté peu assumé de l’industrie face à cela. Ca donne une impression de réduflation crasse quand j’ouvre un jeu et que je constate qu’il n’y a qu’un squelette de jeu dans la boîte. La viande sortira dans une boîte plus tard…
Voici ce qui me turn off quand une extension sort:
- Des extensions prévues longtemps d’avance, souvent même avant que le jeu de base ne soit sorti. En plus, quand l’insert de la boîte du jeu a déjà des compartiments pour les extensions à venir, ce n’est pas très subtil.
- Des mécaniques originalement incluses dans le jeu de base en sont extraites pour être converties en « extension ». Ca donne un jeu de base qui manque souvent de substance et des extensions qui sont nécessaires pour vivre une expérience ludique complète. On fragmente un tout en plusieurs parties qui ne devraient pas être distinctes. Ca se sent rapidement. On peut même prédire ce que les extensions vont ajouter dans le futur tellement ca saute aux yeux.
- Des promos à 5$ pour 2-3 cartes additionnelles. C’est certain que 5$, c’est pas la fin du monde en soi. Cependant, si ces quelques cartes représentent 3% de nouveau contenu, toutes proportions gardées, l’acheteur se fait avoir!
- On commence de plus en plus à voir l’apparition des mini-extensions du style 10 cartes pour 10$ (Zénith et Château Combo, je vous regarde). C’est un hybride entre une promo et une vraie extension, mais à un prix démesuré pour le peu de plus-value que ca apporte.
- Une grosse boîte pour presque pas de contenu, juste pour le tape-à-l’œil, et avec un price tag qui suit les mêmes proportions que la boîte.

Les versions « deluxe », en général. Ce n’est peut-être pas une extension en tant que telle, mais le principe est le même: demander un montant d’argent exagéré en sachant très bien que nous, les pauvres victimes, allons succomber. Ca en devient ridicule: boîte vide mais plus grosse (pour accommoder les 34 extensions), cartes surdimensionnées, ajout de matériel pour un 57e joueur, révision du thème/artwork pour ne pas froisser les âmes sensibles, etc. Pour les classiques plus âgés qui ont un peu mal vieilli côté matériel (Châteaux de Bourgogne, par exemple), je peux comprendre la pertinence de l’opération. Mais quand on y va d’un make over complet pour des jeux qui n’ont jamais vraiment eu de buzz durable en partant, ou pour lesquels il n’y a pas grand’chose à deluxifier, ca me fait mal au coeur (Yokohama, Très futé, Tokaido, etc.)
Le comble c’est quand il y a plusieurs niveaux de deluxe, typique aux campagnes de socio-financement. Ca donne l’impression de donner du choix mais on sait bien entre nous qu’on est soit all in, soit all out. C’est rare qu’on se satisfait d’un entre-deux. Ce n’est pas facile non plus de se démêler dans tous ces différents niveaux de pledge, avec tous les add-ons possibles et les promos exclusives (qui ne le seront bien souvent que pour la durée de la campagne, en plus). Ce qu’on sait pour sûr, c’est qu’on vient de perdre un bras à petites doses de +10$, de +24,95$, de shipping international et de frais de douanes.
Mot final

Vous l’aurez compris, je commence à en avoir soupé de me faire traire par un modèle de mise en marché qui abuse de ses consommateurs. Pourtant, je continue à aimer le hobby mais je deviens de plus en plus sélectif dans mes achats. Un moment donné, l’élastique finit par être sur le bord de péter…